La lumière de l'aube
L’Afrique, continent d’avenir, ne pourra se développer sans électrification ; malheureusement, ses vastes et immenses zones à faible densité de population interdisent un raccordement au réseau. Wazzaj propose de créer dans les villages isolés, des postes autonomes qui transforment une calamité, l’excès d’ensoleillement, en un bienfait : l’énergie électrique.
Des containers en fin de vie, au lieu de venir grossir la liste des déchets industriels abandonnés, feront un « dernier voyage ». Surmonté de 44 panneaux photovoltaïques, ils fourniront aux associations féminines gestionnaires, l’énergie électrique indispensable pour se libérer des servitudes quotidiennes et pénibles qu'elles assument, indispensable aussi au développement de petites activités rémunératrices. Dans une économie circulaire, des personnes en insertion recyclent ces containers, les équipent de panneaux solaires. Les modules accumulent cette énergie solaire fournie à profusion en Afrique dans des batteries elles-mêmes recyclées, afin d’alimenter des outils, d’éclairer des villages, de les connecter au reste du monde...un processus de co-développement pour le Sahel.
Dans cette perspective, se dressent des projets d’envergure mondiale ayant pour ambition de tapisser de capteurs solaires une partie du Sahara à l’horizon 2050, et d’autres plus modestes mais peut être plus pragmatiques, car au plus près des besoins humains et des territoires. C’est dans cet esprit que Wazzaj et son projet de Module de Développement Durable, porté par Thierry Reverchon et Jean-Noël Thorel trouve toute sa cohérence et sa légitimité, permettant à des populations entières de sortir de l’ombre et de la pauvreté.
Au-delà de la qualité évidente du projet et de sa pertinence, je voudrais apporter mon témoignage personnel sur les profondes qualités humaines des deux initiateurs. Pour les avoir dans mon petit logiciel d’amis proches depuis une trentaine d’années, je peux affirmer qu’il y a là deux « Deux hommes dont la part de rêve et le refus de la fatalité ont réuni leur destin dans la création du Programme Wazzaj »... Deux hommes que tout sépare dans la culture, la fonction, le tempérament mais soudés par une profonde générosité et reliés par un sincère altruisme. Deux hommes qui donnent sans attendre de retour.
Thierry Reverchon connaît vraiment l’Afrique, il y est né, y a parcouru plus d’un million de km sur les pistes de sable et de latérite; ce continent est tout pour lui. Il a une connaissance intime de la diversité des réalités de ce continent. Il sait, comme moi, combien nous, au Nord, nous devons à l’Afrique.
Il sait aussi que, contrairement aux idées reçues, nous ne sommes pas l’universel et eux le singulier, que l’Afrique est dans l’Histoire mais surtout que l’Histoire a commencé en Afrique. Il n’y a aucune condescendance déplacée dans sa démarche, il y a juste un profond respect et un sentiment légitime que nous devons beaucoup à ce territoire.
Quand à mon ami Jean-Noël Thorel, dont le portrait pourrait se réduire à un brillant capitaine d’industrie, il y a, derrière ce cliché également, un humaniste d’une grande sensibilité et créativité et surtout un démonstrateur quotidien de solidarité.
Ce tandem imaginatif et généreux, «qui n'a peur de rien » nous réconcilie, lorsque le doute opère, avec la nature humaine et fait bouger les lignes. Il peut compter sur mon total soutien à cette entreprise, l’Afrique attend et espère aussi beaucoup du vôtre.
Le MDD est la parfaite illustration de l’adage d’Antoine de Saint-Exupéry, «Dans la vie, il n’y a pas de solutions, il y a des forces en marche. Créons ces forces et les solutions suivront».
C’est un horizon plein d’espérances que Thierry Reverchon nous invite à partager. Tout ce que les hommes ont fait de beau et de bien, ils l’ont construit avec leurs rêves. En symbiose avec lui, souhaitons de relever, comme à son habitude avec efficacité et humanisme, ce défi du mieux-être des populations du Sahel qui sont en grande souffrance.
Nicolas Hulot
Président de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme.